


"Daddy" (1972), Niki de Saint Phalle et Peter Whitehead
Dans le film “Daddy”, Niki de Saint Phalle s’attaque à la figure du père (un père qui l’a violée lorsqu’elle avait onze ans).
Les premières scènes du film sont déjà plutôt intenses: on voit l’artiste (vêtue comme un dandy) ouvrir puis contourner un cercueil contenant un phallus à taille humaine, devant la maison de son père. Ensuite, on entre dans l’intimité de son enfance, et des années qui suivirent.
Tout au long du film, Niki de Saint Phalle cherche probablement à reproduire un fantasme lié à son adolescence tourmentée, lorsqu’elle décide d’initier un jeune fille à de nouvelles expériences, fétichistes et malsaines. Elle met en place un genre de rituel, qui tend à heurter son père, lui qui est contraint de regarder, attaché.
A un autre moment, elle nous présente le père comme un chien, qui aboie et obéit à ses ordres. Elle revit avec lui les jeux de son enfance ("Blind man, blind man, show you can see. Turn around three times and try to catch me."), de manière perverse et intemporelle: en effet, elle se remémore ces scènes traumatiques en interprétant son propre rôle, à l’âge adulte, ce qui laisse entendre que les souvenirs dépassent la réalité, qu’ils sont encore bien vivants.
A la fin du film, elle tue son père à coups de carabine. "Daddy, I hate you".
Une atmosphère lourde et froide, qui mettrait tout spectateur mal à l’aise, mais qui traduit souffrance, vengeance et obscénité de façon singulière.